Politique

Relance et démocratie : Alix Didier Fils-Aimé mobilise le Grand Sud autour de la sécurité, du référendum et des élections

Les Cayes, 8 mai 2025 — Par Haiti Herald

Dans un climat de dialogue ouvert et stratégique, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a rencontré ce jeudi les représentants des Chambres de Commerce des départements du Grand Sud. Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre des préparatifs pour le référendum constitutionnel et les élections à venir, visait à rallier les forces économiques régionales autour de trois piliers fondamentaux : la sécurité, la relance économique et l’engagement citoyen.

Durant cette journée d’échanges tenue aux Cayes, le chef du gouvernement a affiché sa volonté ferme de rapprocher l’État central des réalités régionales. Il a souligné l’importance du Grand Sud dans l’équilibre politique et économique du pays, insistant sur la nécessité d’une implication active des secteurs privés dans la transition démocratique et la reconstruction nationale.

Une rencontre stratégique et inclusive

Devant une assemblée composée d’entrepreneurs, de représentants d’organisations économiques, d’élus locaux et d’acteurs de la société civile, le Premier ministre a dressé un état des lieux sans complaisance : vulnérabilité des infrastructures économiques, insécurité croissante, exode des forces vives, chômage massif et défiance des populations envers les institutions publiques.

Mais au-delà du constat, le discours du Premier ministre s’est voulu mobilisateur. « Le développement économique et la stabilité démocratique sont indissociables. Il n’y aura pas de croissance durable sans institutions légitimes, ni d’élections crédibles sans un climat de confiance et de sécurité », a-t-il affirmé d’emblée.

Dans une démarche qu’il qualifie lui-même de « dialogue franc et constructif », Alix Didier Fils-Aimé entend intégrer les propositions du secteur privé dans la feuille de route gouvernementale, notamment en matière de décentralisation, de sécurité économique et de transparence électorale.

Citoyenneté active et responsabilité partagée

Dans un discours en créole empreint de réalisme et de responsabilité, le Premier ministre a lancé un appel solennel à l’engagement collectif :

« Eleksyon pa zafè yon sektè, zafè yon kan oubyen zafè yon pouvwa. Eleksyon se zafè pati politik yo, zafè pèp la, se zafè tout sitwayen. »

Il s’agit, selon lui, d’un devoir collectif, qui ne peut reposer uniquement sur les épaules du gouvernement ou d’un groupe restreint d’acteurs politiques. Le Premier ministre a appelé à une mobilisation nationale, transcendant les clivages partisans, afin de ramener Haïti sur les rails de la légitimité démocratique.

« Anpil moun kontinye mande si eleksyon posib. Yo menm di ou kwè ap gen eleksyon ? Moman an mande pou nou poze kesyon an yon lòt jan : ki aksyon chak Ayisyen ap fè pou pèmèt eleksyon fèt ? »

Cette interpellation vise à responsabiliser chaque citoyen, chaque institution, chaque acteur économique et politique, face à l’impératif démocratique. Dans le Grand Sud, où la dernière expérience électorale remonte à plus d’une décennie, cet appel trouve un écho particulier.

Une décennie de vide démocratique

La situation dans les départements du Sud, du Sud-Est et de la Grand’Anse est symptomatique de l’impasse dans laquelle se trouve le pays : routes dévastées, ports non fonctionnels, écoles fermées, insécurité galopante. À cela s’ajoute l’absence d’élections depuis près de 10 ans, créant un profond sentiment de marginalisation au sein des populations locales.

« Mezanmi, si n vle met peyi a sou chimen devlopman, fòk nou pran desizyon sa a. Se yon desizyon ki dwe pran nan tèt kole, nan pote kole, nan kole zepòl », a déclaré le Premier ministre.

Il reconnaît que seule une dynamique collective, portée par une volonté politique forte et un esprit de consensus, peut aboutir à un changement réel. L’échec ou la réussite des élections à venir dépendra de la capacité de la nation à s’unir autour de ce projet.

Référendum et nouvelle Constitution : un impératif de refondation

L’un des points saillants abordés lors de la rencontre fut l’organisation du référendum en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Pour le Premier ministre, cette réforme est non seulement nécessaire, mais urgente.

« Dezisyon tèt ansanm sa a dwe gen ase jèvrin pou bay peyi a yon lòt Konstitisyon, pèmèt bon jan refòm e pèmèt jenès la reyalize rev li. »

Il lie directement cette initiative à l’avenir des jeunes et à la nécessité de doter le pays d’un cadre institutionnel solide, stable et adapté aux réalités contemporaines. La jeunesse, selon lui, ne peut continuer à vivre dans un pays sans repères politiques clairs, sans opportunités économiques, ni vision collective.

Sécurité et confiance : conditions préalables

Les représentants des Chambres de Commerce ont salué l’initiative du gouvernement, tout en exprimant leurs inquiétudes quant à l’environnement sécuritaire et juridique dans lequel les entreprises doivent évoluer. Certains ont évoqué les difficultés d’accès au crédit, les menaces permanentes de gangs armés et le manque de garanties pour les investisseurs.

En réponse, le Premier ministre a affirmé que la sécurité était au cœur de son agenda :

« Nou pa ka pale de eleksyon serye san sekirite. Nou pa ka mande sektè prive mete tèt yo deyò, envesti, kreye richès, si pa gen kondisyon pou sa fèt. Se travay Leta pou bay sekirite epi mete règleman yo klè. »

Il a assuré que des dispositifs seront renforcés dans les zones sensibles et que le Haut Conseil de Sécurité Publique (CSPN) est déjà mobilisé pour accompagner les préparatifs électoraux.

Une feuille de route partagée

Dans la perspective des mois à venir, le Premier ministre s’est engagé à maintenir ces dialogues territoriaux dans d’autres régions du pays. Le Grand Nord, l’Artibonite, le Centre et la région métropolitaine de Port-au-Prince sont aussi concernés par cette tournée nationale qui vise à bâtir une feuille de route inclusive.

Il a conclu sa visite dans le Sud avec un message porteur d’espoir :

« Sa nou vle se chanjman ki pa ret sou papye. Se pou chak grenn Ayisyen, kote l ye a, santi li enplike. Se pa gouvènman sèl ki ka fè sa, men se gouvènman ki dwe bay egzanp lan. »

La rencontre aux Cayes marque une étape symbolique dans le processus de refondation nationale. Elle montre qu’au-delà des discours, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé veut inscrire son action dans une logique de co-construction et de proximité avec les réalités locales. Dans une Haïti fragmentée par la crise, ce type d’initiative constitue un signal fort d’écoute, d’inclusion et de détermination.

Les prochains mois diront si cette volonté politique se traduit par des actions concrètes et une amélioration des conditions de vie pour les citoyens. En attendant, la voix du Grand Sud s’est fait entendre — non comme simple spectatrice du processus, mais comme actrice à part entière de la transition démocratique.

Desk Report

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