Depuis sa prise de fonction, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé incarne une nouvelle phase de transition pour Haïti. Son mandat, forgé dans un contexte de crise institutionnelle, d’insécurité féroce, d’effondrement économique et d’attentes citoyennes croissantes, se veut à la fois pragmatique, audacieux et inclusif. De la mobilisation du Grand Sud à la reconquête de territoires occupés par des gangs, en passant par la relance du dialogue constitutionnel, Fils-Aimé s’emploie à rebâtir la confiance et la souveraineté nationale. Retour approfondi sur une série d’actions politiques marquantes.
Un dialogue direct avec les forces vives du Grand Sud
Le 8 mai 2025, aux Cayes, le Premier ministre a rencontré les représentants des Chambres de Commerce des départements du Grand Sud. Cette réunion, qualifiée de « stratégique », a permis d’aborder les enjeux cruciaux de la relance économique, de la tenue du référendum constitutionnel, de l’organisation des élections et de la sécurité locale. Dès l’ouverture, Fils-Aimé a posé le cadre :
Le développement économique et la stabilité démocratique sont indissociables. Il n’y aura pas de croissance durable sans institutions légitimes, ni d’élections crédibles sans un climat de confiance et de sécurité. »
Les défis identifiés sont clairs : exode des jeunes, vulnérabilité des infrastructures, instabilité des marchés locaux. Le secteur privé appelle à des actions concrètes, et le chef du gouvernement répond par des engagements précis : décentralisation, renforcement de la sécurité économique, transparence électorale.
Mais au-delà de la technicité, Fils-Aimé fait appel à l’esprit citoyen :
Eleksyon pa zafè yon sektè, zafè yon kan, oubyen zafè yon pouvwa. Eleksyon se zafè tout sitwayen. »
Il poursuit :
Moman an mande pou nou poze kesyon an yon lòt jan : ki aksyon chak Ayisyen ap fè pou pèmèt eleksyon fèt ? Daprè mwen, se repons sa peyi a bezwen. »
Un ton rassembleur et exigeant, dans une région qui n’a pas connu d’élection depuis près de dix ans.
« Si n vle mete peyi a sou chimen devlopman, fòk nou pran desizyon sa a nan tèt kole, nan kole zèpòl. »
La libération de Viard : une victoire militaire et symbolique
Le 10 mai 2025, Viard, localité de Kenscoff, est officiellement reprise par la Police Nationale d’Haïti (PNH), les Forces Armées d’Haïti (FAd’H), appuyées par une Task Force locale. Cette opération, minutieusement planifiée, a permis de neutraliser plusieurs membres du groupe armé « Viv Ansanm », de récupérer des armes et de libérer un territoire entièrement sous contrôle criminel.
Les images de drones, l’incendie d’un péristyle utilisé par les gangs, les témoignages d’habitants soulagés, tout montre que Viard était devenu un point névralgique d’occupation.
Un membre de la Task Force déclare :
« Nou, Task Force la, n’ap transfòme Viv Ansanm an Kraze Ansanm. »
Cette victoire n’est pas seulement tactique. Elle révèle la capacité de l’État haïtien à réagir, à planifier et à agir sur le terrain avec efficacité. Elle est aussi une alerte : sans présence étatique permanente, le chaos pourrait revenir.
Furcy et Kenscoff : la contre-offensive continue
Du 9 au 11 mai, la PNH a mené une série d’opérations à Kenscoff. Le sous-commissariat de Furcy, tombé depuis plusieurs semaines, a été repris. Plusieurs otages ont été libérés, des zones entrièrement occupées par les gangs ont été nettoyées.
Pierre Espérance du RNDDH salue l’initiative :
Ce n’est pas une simple opération policière, c’est une riposte face à une occupation terroriste prolongée. »
Il met toutefois en garde contre les risques de complicité au sein des institutions de sécurité. La vigilance doit rester de mise.
Un Premier ministre à l’écoute des universités régionales
Toujours le 8 mai, à la suite de l’activation des Cellules de Sécurité Municipales (CSM), Fils-Aimé a rencontré des dirigeants d’Universités Publiques Régionales : UPSEJ, UPNCH, et UPGA. Objectif : réaffirmer le lien entre savoir, territoire et gouvernance.
Nos universités régionales sont des leviers de transformation pour leurs communautés et des pôles stratégiques pour une Haïti décentralisée et résiliente. »
Il entend faire de ces institutions de véritables partenaires de la Transition.
Une diplomatie sécuritaire renforcée avec le Brésil
Le 9 mai, Fils-Aimé reçoit l’ambassadeur du Brésil et le commandant en chef des FAd’H, le lieutenant-général Derby Guerrier. Les discussions portent sur la sécurité, la coopération militaire et le soutien à l’organisation électorale.
Il ne peut y avoir d’élections libres sans sécurité. Le soutien de nos partenaires internationaux est crucial pour garantir un environnement électoral serein. »
Un leadership de Transition incarné et exigeant
Alix Didier Fils-Aimé, en moins de six mois, a posé les fondations d’un renouveau politique et sécuritaire. Dialogue territorial, action militaire ciblée, relance du processus électoral, diplomatie régionale active, chaque déplacement, chaque déclaration s’inscrit dans une stratégie cohérente.
Ce n’est pas seulement un agenda politique. C’est un projet de réappropriation collective de la souveraineté, au croisement de l’ordre républicain, de la gouvernance partagée et de l’engagement citoyen. Il faudra du temps, des moyens, et surtout une continuité dans la vision. Mais pour la première fois depuis longtemps, l’État semble à nouveau en mouvement.