Les premiers rayons de soleil sur Kenscoff ont révélé une scène inattendue : le drapeau de l’État flottant de nouveau sur le site de Téléco, longtemps contrôlé par les hommes de « Izo2 ». L’opération conjointe menée par la Police nationale d’Haïti (PNH) et la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMS) a rendu aux habitants une zone qu’ils croyaient perdue.
Pour les résidents, les dernières semaines avaient été marquées par l’angoisse. Meurtres, incendies, extorsions, familles forcées de fuir leurs maisons : la vie quotidienne était devenue insupportable. « On n’osait plus sortir. Les routes étaient fermées, on vivait comme des prisonniers », confie Marie-Lourdes, une habitante de la zone.
Le 25 août a marqué un tournant. Entre minuit et l’aube, les forces conjointes ont lancé une offensive coordonnée. Plusieurs hommes armés ont été abattus, des armes et des munitions ont été saisies, et les barricades qui verrouillaient la route ont été démantelées.
L’opération n’a pas été sans coût humain : plusieurs agents de la PNH et de la MMS ont perdu la vie « au champ d’honneur ». La Primature leur a rendu hommage, affirmant que leur sacrifice ne sera pas vain.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a insisté sur le caractère décisif de cette reprise :
« Nous ne combattons pas seulement pour un territoire, mais pour le droit des Haïtiens à vivre libres de la peur. Chaque pas en avant est une victoire du peuple et de la Nation. »
Au-delà de l’aspect sécuritaire, la reprise de Téléco est perçue comme un symbole : celui d’un État qui regagne du terrain et prouve sa capacité à défendre ses infrastructures stratégiques. Pour la Primature, cette victoire reflète la solidité de la coopération entre la PNH et la force multinationale, mais aussi la détermination du gouvernement à reprendre le contrôle de zones jadis abandonnées aux gangs.
Vers une reconquête progressive
Les autorités promettent que cette opération n’est que la première d’une série destinée à desserrer l’étau criminel qui asphyxie la capitale et ses environs. « Kenscoff est le début d’un processus. L’État ne reculera pas. La Primature veille à ce que la sécurité redevienne une réalité pour chaque citoyen », a déclaré un conseiller proche du chef du gouvernement.
Dans les rues de Kenscoff, les habitants respirent enfin. Les marchés reprennent timidement, les routes s’animent, et l’espoir renaît : celui que l’État, appuyé par ses partenaires, tienne bon face aux menaces et parvienne à restaurer la stabilité.