Dans une intervention radio poignante sur Magik 9, le Protecteur du citoyen, Me Jean Wilner Morin, a tiré la sonnette d’alarme sur l’effondrement généralisé des droits humains en Haïti. Selon lui, les Haïtiens vivent aujourd’hui dans un pays où aucun droit n’est véritablement garanti, une déclaration lourde de sens dans un contexte national marqué par l’insécurité, l’instabilité politique et l’effondrement des institutions publiques.
« Aucun droit n’est garanti aux Haïtiens aujourd’hui », a déclaré Me Morin sans détour. Il déplore une situation dans laquelle les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sont quotidiennement violés, réduisant les citoyens à un état de vulnérabilité extrême. Même le droit à l’éducation, à la santé, au logement ou encore à la justice est devenu une chimère pour des millions de personnes.
Le constat est sans appel : le pays est en rupture avec les principes fondamentaux de l’État de droit. Les gangs armés occupent de larges pans du territoire national. Les tribunaux sont dysfonctionnels ou relocalisés, les commissariats désertés, les écoles fermées dans plusieurs zones, et les hôpitaux ne peuvent même plus garantir un minimum de soins, faute de sécurité. Dans ce contexte, la voix du Protecteur du citoyen prend une résonance particulière, car elle traduit le désespoir d’un peuple abandonné à lui-même.
Pour Me Morin, seule une refondation des institutions étatiques, doublée d’une volonté politique claire de remettre l’humain au cœur de l’action publique, pourra inverser cette spirale. Il exhorte les dirigeants à prendre leurs responsabilités pour garantir, au minimum, les droits à la vie, à la sécurité, et à l’accès équitable aux services de base.
En évoquant l’unique droit encore partiellement garanti – celui à l’information – le Protecteur du citoyen souligne l’importance des médias dans ce contexte critique. Les journalistes et organes de presse, bien que souvent eux-mêmes menacés ou fragilisés, continuent de jouer un rôle de vigie démocratique. Mais cet éclair de lucidité reste insuffisant face à l’ampleur du désastre institutionnel.
Ce cri d’alarme n’est pas une simple déclaration médiatique : c’est une mise en garde solennelle. Si rien n’est fait, la société haïtienne risque de plonger encore plus profondément dans une crise multidimensionnelle aux conséquences incalculables.
Rappelons que Me Jean Wilner Morin n’est pas un acteur ordinaire. Magistrat respecté, ancien juge d’instruction au parcours irréprochable, il s’est fait connaître pour son intégrité, sa rigueur et son engagement sans faille envers la justice et la protection des droits. Sa parole est donc empreinte de légitimité et mérite une écoute attentive dans un pays où la confiance dans les institutions s’effrite de jour en jour.